Newsletter Automne 2022

AMCFU: BULLETIN D'INFORMATION AUTOMNE 2022

La rentrée 2022 a été placée sous le signe du resserrement de la collaboration avec les administrations ukrainiennes et françaises autour de projets humanitaires, menés en concertation avec l’administration municipale et le conseil régional de Kharkiv, le conseil régional de Dnipro, les municipalités de Kramatorsk et Kryvyy Rih, ainsi que le conseil régional d’Ile-de-France. Elle a aussi été marquée par la poursuite du soutien financier et matériel de nos mécènes, une inscription renforcée de nos actions dans la stratégie nationale de développement durable à travers le remploi solidaire de surstocks de matériel médical et une mobilisation accrue de l’équipe de bénévoles de l’association. Actuellement plus de 100 participants actifs œuvrent dans les domaines suivants : gestion et administration des dons, logistique d’opérations humanitaires, organisation d’événements caritatifs et accompagnement des blessés arrivés en France pour des traitements de pointe.

BILAN DE RENTREE 2022

Nouvelle mission de terrain d’AMC France – Ukraine

L’action humanitaire d’AMC France – Ukraine repose sur son implantation solide en Ukraine, due à son expérience, sa connaissance du terrain, le fait de travailler directement avec les bénéficiaires et l’appui des administrations et acteurs locaux.
La réalisation des missions de terrain régulières revêt une importance capitale, d’autant qu’elle permet d’établir un diagnostic précis et à jour des besoins médicaux et de renforcer les liens avec les administrations, les collectivités et les acteurs de la société civile sur place.

La dernière de ces missions a eu lieu en septembre 2022. À cette occasion, Diana Dols, directrice des opérations humanitaires d’AMCFU, a visité Lviv, Odessa, Dnipro, Kryvyi Rih et Apostolové (région de Dnipro), Zaporijia, Kramatorsk et Pokrovsk (région de Donetsk), Dovhenké et Izioum (région de Kharkiv). Elle a pu réévaluer les besoins de ces territoires, qui subissent des frappes massives sur leurs infrastructures civiles, mais aussi des territoires libérés au cours de la contre-offensive ukrainienne en septembre, à l’approche d’un hiver qui s’annonce particulièrement difficile. Cet état des lieux a permis de dresser une liste actualisée des besoins prioritaires de ces régions dans le but de prendre en charge l’acquisition d’équipements et de médicaments, organiser leur acheminement groupé vers les bénéficiaires et ainsi optimiser l’aide que la France peut apporter à l’Ukraine.

Cette mission de terrain a complété celle de juillet dernier et a abouti à une nouvelle cartographie des besoins des collectivités qui bénéficient du soutien de l’association :

  • les zones relativement bien couvertes par le réseau d’aide humanitaire où les besoins non pourvus sont localisés et spécifiques. Ce sont pour la plupart les régions occidentales de l’Ukraine, moins touchées par les bombardements et plus facilement accessibles pour les livraisons d’aide, mais il y a également les villes tout proches des zones des combats.
  • les territoires hétérogènes, où il convient de cibler les communes qui doivent faire l’objet d’aide prioritaire. La région de Dnipro relève de ce type de territoires. Si son centre administratif, Dnipro, bien qu’affecté par la guerre, connaît les dégâts limités et une baisse d’activité économique non critique, d’autres villes de la région, telles que Synelnykové et Kryvyy Rih, sont fortement touchées et se trouvent en grande partie démunies devant l’ampleur des destructions et la dépendance de leurs habitants aux aides publiques et aux programmes caritatifs. De façon analogue, la ville de Kramatorsk, située dans la région de Donetsk, a développé un système de coopération avec plusieurs donateurs internationaux. Aujourd’hui elle parvient par ce biais à subvenir aux besoins de sa population en nourriture, produits de première nécessité, médicaments et consommables médicaux mais manque essentiellement d’équipements médicaux et de transports médicaux et urbains, ce qui n’est pas le cas de toute la région, qui est un théâtre de combat stratégique et fait l’objet des destructions massives depuis plusieurs mois.
  • les régions qui frôlent la situation de catastrophe humanitaire: La région de Kharkiv est un exemple par excellence de ce type de territoires. Dans le centre administratif, les frappes de missiles sont quotidiennes. Les services de distribution d’eau, d’électricité et de chauffage sont régulièrement visés, et les employés municipaux doivent travailler sans relâche pour réparer les dégâts. En neuf mois de guerre, la deuxième plus grande ville d’Ukraine, comptant autrefois plus de 1,4 million d’habitants, s’est vidée pour moitié. La majorité des personnes qui y vivent toujours appartiennent aux catégories de population les plus fragiles ; plusieurs ont perdu leur travail en raison de la fermeture de leurs entreprises. Les Kharkiviens qui restent sur place sont donc fortement dépendants de l’aide humanitaire et ont besoin non seulement de médicaments, de consommables et d’équipements médicaux mais également de couvertures et de vêtements chauds. L’infrastructure de transport de la ville a été, elle aussi, très affectée, de sorte que la ville doit renouveler son parc d’ambulances et de bus urbains pour maintenir le fonctionnement de services essentiels.

Dans la partie de la  région de Kharkiv libérée en septembre, plusieurs communes ont été entièrement détruites.

Lors de la dernière mission de terrain, effectuée deux semaines après la libération, il n’y avait pas d’eau, ni d’électricité, ni de chauffage. Le territoire était coupé de tous les réseaux d’information (radio, télévision, Internet). C’est ainsi que dans la ville d’Izioum des immeubles noircis sans fenêtres abritent près de 12 000 habitants, vivant souvent terrés dans des sous-sols. Le centre de vie de la commune est désormais une camionnette d’aide humanitaire près de laquelle se réunissent les habitants soucieux de s’approvisionner en produits de première nécessité. L’administration locale multiplie les appels à partir vers d’autres villes de la région pour y passer l’hiver. Certains partent dans les foyers d’accueil aménagés par l’administration dans les villes plus sûres, mais un grand nombre de personnes fait le choix de rester.

Fortement endommagé par les bombardements, l’hôpital d’Izioum est privé d’eau et alimenté en électricité par des générateurs. Malgré les combats incessants et le danger de mort, les dégâts colossaux, les privations et les sacrifices quotidiens auxquels ils doivent consentir, les soignants d’Izioum n’ont cessé de travailler pour sauver des vies.

Enfin, cette mission de terrain a également permis de dresser un bilan des besoins prioritaires des déplacés internes dont le nombre a aujourd’hui dépassé 7 millions de personnes, soit 1/7 de la population du pays. De ce fait, leur prise en charge constitue un problème majeur aussi bien pour les pouvoirs publics ukrainiens que pour les ONG d’aide humanitaire. Le défi est double pour les territoires avoisinant les zones de combat, comme la région de Zaporijia, où aux difficultés d’intégration des déplacés s’ajoute la nécessité d’assurer le réseau des points de premier accueil pour des personnes qui arrivent des zones occupées et qui sont en transit vers les régions plus éloignées de la ligne de front. Ces gens éprouvés et souvent traumatisés par la guerre peuvent y trouver des repas chauds et des produits d’hygiène, un point d’aide médicale et des bus qui peuvent les emmener dans les centres de logement municipaux ou les abris temporaires d’ONG actifs sur le terrain. Cette mission d’accueil et d’orientation doit souvent être menée sous une pluie de missiles russes et les alertes antiaériennes, qui affectent particulièrement les fugitifs. Malgré les efforts d’aménagement, les conditions dans ces centres restent très précaires. Or, certaines personnes y passent des semaines, voire des mois, avant de trouver où et comment ils pourraient tenter de reconstruire leur vie.

La capacité d’offrir un premier accueil et réconfort aux déplacés internes est décisive pour que les centaines de milliers de ces personnes puissent retrouver leurs repères et rebondir. C’est un chantier supplémentaire pour les opérations humanitaires à venir.

Subvention de 100 000€ de la région Ile-de-France pour améliorer le système de soins à destination de femmes victimes des violences sexuelles

Depuis l’agression de l’Ukraine par les forces armées de la Fédération de Russie le 24 février 2022, les experts d’organisations internationales reconnues, telles que Amnesty International ou Human Rights Watch, ont documenté un grand nombre de viols commis dans les régions occupées, ce qui a conduit la représentante spéciale de l’ONU, Pramila Patten, à affirmer que l’utilisation systémique du viol constitue pour l’armée russe une arme de guerre, au mépris de la juridiction internationale en matière de protection des populations civiles en temps de guerre entérinée par les conventions de Genève. Ces violences sexuelles nécessitent une prise en charge médicale des blessures gynécologiques, des avortements et des accouchements marqués par des stress traumatiques. Pour garantir des soins de qualité aux Ukrainiennes victimes de ces crimes, la région Île-de-France a octroyé une subvention de 100 000€ permettant de financer l’achat de matériel médical de pointe pour les services de maternité et de gynécologie de deux hôpitaux de Zaporijjia. Notre association a été choisie comme acteur humanitaire de confiance pour mettre en œuvre ce projet. Le choix s’est vite porté sur Zaporijia, centre régional au sud-est l’Ukraine devenu point de passage et refuge pour des dizaines de milliers de personnes évacuées de Marioupol et d’autres villes voisines. En concertation avec le corps médical de cette ville refuge nous avons établi une liste du matériel dont les hôpitaux locaux manquent pour traiter ces patientes. Dans des délais extrêmement courts, tous ces équipements ont été achetés, rassemblés et chargés pour un départ en Ukraine le 14 octobre 2022. Chacun des deux hôpitaux a ainsi reçu un échographe, un moniteur patient, un système de réanimation néonatale et des instruments électrochirurgicaux LigaSure fournis par des fournisseurs français ou localisés en France.

Trois convois de matériel médical envoyés en Ukraine depuis la rentrée

À la faveur de l’engagement humanitaire de nos donateurs, parmi lesquels la société OTR3, le groupe Descours & Cabaud, la société Oxypharm, la région Ile-de-France, la communauté d’agglomération de Cambrai, la mairie de Paris, CHU de Nantes et GBNA Polycliniques, nous avons repris notre travail d’envoi d’aide humanitaire dans les hôpitaux ukrainiens dès les premiers jours de septembre : équipements et consommables médicaux, composantes pour les trousses de secours en médecine tactique (IFAK), lits médicalisés, produits d’hygiène, vêtements et chaussures neufs, distribués aux plus près de besoins urgents.

La dernière de nos opérations humanitaires a concerné la région de Kharkiv à l’est de l’Ukraine, où les conséquences de la stratégie de terre brûlée sont particulièrement désastreuses. La population locale y manque de la plupart des produits de première nécessité.

Grâce à la mobilisation de Baxter France, Polyclinique du Parc, Axa, Pharmex ainsi qu’au soutien de l’agglomération de Cambrai, nous avons pu acheminer dans les hôpitaux de cette région des lits de réanimation neufs, des équipements médicaux, des échographes, des appareils de traitement des plaies par pression négative, des consommables, des médicaments pour soigner les victimes de la guerre et les patients des hôpitaux. Un matériel onéreux auquel nous avons ajouté des vêtements chauds et des couvertures demandées par les habitants à l’approche de l’hiver.

La mobilisation de nos mécènes : les Mutuelles AXA et Ouest-France Solidarité

Face à l’ampleur des besoins, nos mécènes ont renforcé leur soutien. Un don financier de 75 000€ du mécénat des Mutuelles AXA nous a ainsi permis de fournir aux hôpitaux pédiatriques de Lviv, Ivano-Frankivsk et Kharkiv, ainsi qu’aux cinq autres hôpitaux de la région de Kharkiv les produits médicaux dont ils avaient besoin. Parmi les bénéficiaires, on trouve l’hôpital de Balakliya, ciblé par les bombardements au début de l’invasion, libéré en septembre et subissant depuis des frappes régulières de même que l’hôpital régional de traumatologie de Kharkiv, touché par les tirs à trois reprises, où la prise en charge des patients, particulièrement nombreux dans les zones de bombardements récemment libérées, n’a jamais cessé.
Le don de 100 000€ de Ouest-France Solidarité nous a permis d’acheter trois ambulances de type B équipées qui ont été remises au Centre de médecine d’urgence et de catastrophe de la région de Kharkiv pour les villes récemment libérées et victimes de destructions et pillages pendant l’occupation (Izioum, Koupyansk, Dergatchivka, etc.), ainsi qu’une ambulance de type A équipée pour les médecins du Centre de soins primaires de Kramatorsk (région de Donetsk). Pour la population sur place, ce soutien de nos mécènes est d’une importance vitale.

De nouveaux partenariats

Amazon apporte désormais son aide logistique à AMCFU.

Ce mécénat permet de renforcer et fluidifier la gestion de récoltes de dons sur le territoire français.

Il a déjà permis de transporter les dons de HCL de Lyon, de l’entreprise Paredes, de la mairie de Marseille et du Bataillon des Marins pompiers à notre dépôt. AMCFU dispose par ailleurs d’un nouvel entrepôt de stockage, toujours dans le 78, grâce au mécénat de l’entreprise HeidelbergCement France.

 

Structuration et renforcement de l’équipe de bénévoles d’AMC France - Ukraine

L’inquiétude et l’indignation que l’agression de l’Ukraine a suscitées chez de nombreux Français se sont traduites par une très importante vague de nouveaux bénévoles qui ont contacté AMCFU depuis les premiers jours de la guerre. Nous avons donc organisé une journée d’information ayant pour objectif de présenter nos principaux axes de travail et les modalités concrètes que pourrait prendre leur engagement au sein de l’association.

Cette rencontre, organisée le samedi 29 septembre dans les locaux de Liberté Living Lab (2e arrondissement), mis à notre disposition gracieusement par notre partenaire, a débuté par une présentation de l’association par son président, Dmytro Atamanyuk, et les responsables de pôles. La journée s’est poursuivie par une séance de travail par thématiques, en petits groupes. Ce moment de réflexion et d’échange autour de chantiers spécifiques d’AMC France – Ukraine a notamment permis de renforcer l’action de l’association dans les domaines de :

  • l’administration et la gestion des donations
  • la logistique et la micro-collecte de dons
  • les relations avec entreprises et établissements publics
  • l’accompagnement des blessés
  • l’organisation d’événements caritatifs
    la traduction et l’enseignement de FLE à destination d’Ukrainiens réfugiés en France
  • la communication
Projection de Marioupol de Max Lytvynov à Pont-Audemer (27500) le 30 novembre

Le film Marioupol. L’espoir n’est pas perdu (Маріуполь Невтрачена надія), réalisé par Max Lytvynov sur une idée de Tala Prystaetska et produit par l’Organisation des Producteurs Ukrainiens, montre la guerre entre la Russie et l’Ukraine à travers les yeux de gens ordinaires. Ce documentaire inédit est sorti le 24 août 2022, le jour de la fête nationale ukrainienne. Les producteurs ukrainiens tiennent à le présenter tout d’abord dans des villes portuaires et industrielles, choisies pour leurs similitudes avec Marioupol.
La première de ce film à Pont-Audemer a eu lieu le 30 novembre, précédée par une présentation d’AMC France-Ukraine. Une collecte a eu lieu à l’issue de la projection.

Nouveau chantier en cours : matériel de formation premier secours

Étant donné que beaucoup de combats en Ukraine se passent actuellement sans présence médicale, notre partenaire ukrainien Conseil de réanimation et de médecine d’urgence a mis en place une vaste campagne de formation aux gestes de premier secours . Le centre de formation à la médecine tactique a, en outre, pour ambition de former en un an 1 000 instructeurs civils capables de transmettre, à leur tour, ce savoir-faire aux citoyens. Pour que cette opération soit possible, les instructeurs ont besoin de matériel de formation et de trousses de secours à remettre à l’issue de la formation.
Grâce au soutien financier des particuliers, collectivités et entreprises, AMC France – Ukraine a pu remettre à ce nouveau centre de formation 11 800 trousses de secours IFAK. Cependant ce besoin est toujours d’actualité, et AMC France-Ukraine continue de travailler pour y apporter une réponse, notamment, pour offrir à ce centre de formation des mannequins d’entraînement et un nouveau lot de trousses de secours.

Un nouveau projet d’aide prioritaire : les fixateurs externes

Les fixateurs externes d’os en chirurgie d’ostéosynthèse (traitement des fractures ou des dysfonctionnements mécaniques du squelette à l’aide de vis, de plaques, de clous, de tiges ou d’autres outils) sont très demandés par les hôpitaux ukrainiens afin de maintenir les segments osseux de nombreuses victimes de la guerre.
Grâce à une coopération avec le CHU de Poitiers et le mécénat financier apporté par la Fondation Les Soignants de Maincare Solutions, AMC France-Ukraine enverra prochainement un lot de fixateurs externes d’os destiné aux hôpitaux proches des zones de combats.

Des générateurs pour l’Ukraine

Depuis la contre-offensive ukrainienne dans plusieurs villes de l’Ukraine les bombardements sont réguliers et ciblés en visant notamment la destruction des infrastructures civiles. À Kharkiv, ils sont quotidiens. Les services communaux de la ville travaillent sous une forte tension en essayant de réparer les dégâts après chaque nouvelle attaque aérienne car de leur réactivité dépend la santé, sinon la survie, de 800 000 habitants qui restent toujours dans la ville. Afin d’aider l’entreprise communale de Kharkiv Réseaux de chauffages collectifs, AMC France-Ukraine met en place un projet de don de générateurs pour lequel elle recherche actuellement trois types de groupes électrogènes :

  • 5-10 kW – pour les travaux d’urgence (par exemple pour le branchement d’appareils de soudure et d’équipements)
  • 20 kW – pour brancher les petits centres socio-médicaux et les chaufferies de tailles moyenne
  • 100 kW – pour les hôpitaux et les grandes chaufferies.
Retrouvez AMC France-Ukraine mi-décembre au marché de Noël de Sucy-en-Brie

Répondant à l’invitation de l’équipe municipale de Sucy-en-Brie (94071) désireuse de manifester sa solidarité avec la résistance ukrainienne, les membres d’AMC France-Ukraine seront présents deux week-ends de suite au marché de Noël de la ville

pour y tenir un stand d’information et de vente caritative de produits alimentaires. Les fonds récoltés financeront l’achat de matériel médical pour les hôpitaux ukrainiens.

Lancement du compte Instagram de l’association

AMC France – Ukraine est désormais présente sur Instagram. Suivez-nous sur le réseau https://www.instagram.com/amcfranceukraine/  ou @amcfranceukraine